STATUT - Marié pour le meilleur et surtout le pire… L’objet empoissonne, l’objet emprisonne, sa beauté n’a d’égal que le dégout qu’il provoque dans le regard du condamné… Huit années que sa carne a été unie à celle d’une autre… Aucun choix de décision, le poids de l’héritage familial l’obligeant à courber l’échine devant la décision de la marieuse… Il la maudit,  l’incapable qui a scellé son sort… Qui la contraint à s’affubler d’un tel poids… Elle est belle son épouse mais jamais assez à ses yeux… Toujours inférieure à cette autre, cette image idéalisée de la seule femme qu’il ait aimé… L’illusion bien plus forte que la réalité surtout quand le ventre de la promise continue à rester vide… Le toucher n’est plus que mécanique, seul désir d’enfanter le prochain héritier. La haine se fait ressentir, la relation s’étiole mais l’anneau tient symbole de sa plus grande pénitence…

ANECDOTE 2 - Le gentleman au sulfureux passé… Les femmes, sa plus grande faiblesse, sa perdition… Le corps à corps déjà consommé quand son regard a croisé le sien. Sirène de ses nuits, Sirène de sa vie, le souffle coupé, le cœur battant la chamade, le putain de conte de fées. Pas pour lui, pas pour ceux comme lui, la destinée dont il ne peut décider et pourtant cette envie de se battre contre vent et marée… Beauté dans la fleur de l’âge, sa belle dora, son soleil dans la nuit la plus profonde…Idiot de croire que rien ne pourrait jamais changé, fou d’imaginer que l’amour pourra perdurer… Le cœur donné, sans limites, sans pensées, sans réflexion, l’amour qui prend tout, submerge toute décision… La beauté de chaque instant partagé jusqu’à ce qu’il faille se marier… C’est elle qu’il désirait, elle qu’il voulait, elle qu’il ne pouvait avoir… Elle qui lui serait à jamais interdite de par cette décision maudite… Marié à une autre, elle l’a laissé, abandonné pour ne pas souffrir davantage… Cœur brisé, étiolé, inconsolable, le tout qui fait sombrer… La fidélité qu’il tente, apprendre à la connaitre, cet autre moins brillante, cet autre aux saveurs amères… quelques années à essayer, de se donner, quelques années qui n’ont pas duré… L’héritier qui ne pointe pas le bout de son nez, le ventre vide, terriblement vide, la rancœur accumulée transformée, façonnée, le besoin de s’évader, de l’oublier, cette foutue mariée… Elle doit se douter que ses baisers s’envolent vers d’autres corps à la recherche d’une autre réalité, de retrouver ce qui ne peut plus exister… Un cœur brisé ne peut se reconstituer… Et pourtant, la folie de croire que tout peut être retrouvé quand son regard croise celui de sa sirène, inoubliée, les années passées, l’impossibilité de remarquer qu’un premier amour ne peut pas être récré…

ANECDOTE 6 - La douleur dont il ne parle pas, celle qu’il garde enfuie pour ne pas paraitre faible… Celle qui ressort lorsque sa femme est à ses côtés : l’absence d’un enfant… Trop d’années de mariage pour aucun résultat… Les années encore longues autant que ce besoin d’inclure une autre âme dans leur petite famille, un être capable de les réunir au moins rien qu’un peu, de donner du poids à cette union bien trop bancale… Le ventre vide qu’il condamne avec fermeté, la certitude que la faute est sienne, que l’impossibilité était inscrite dans son patrimoine… Maudite enfant dont il a fallu qu’on l’affuble… Un enfant, une famille, une vraie, un rêve, une nécessité, une jalousie parfois envers ceux dont l’attente se fait moins longue…

« Vous êtes un homme chanceux Adhémar, vous avez une épouse si charmante. » Il la regarde au loin, discutant avec d’autres épouses. Petit dîner de circonstances, rien d’exceptionnel mais tout le monde a toujours des intentions cachées, des secrets à dissimuler…  « Je n’aurais pu rêver mieux. » Qu’il lâche dans un sourire si véridique qu’on ne peut douter de l’immense mensonge qu’il vient de prononcer.  « J’ai soudoyé la marieuse pour qu’elle me choisisse quelqu’un d’aussi merveilleux. » Un léger rire, une petite boutade pour détendre l’atmosphère, rien qu’un peu. N’avouer que ce qui est nécessaire, garder secret ce qu’autrui n’a pas besoin de savoir, serrer les bonnes mains pour assurer une bonne visibilité de sa famille. Le repas qui se termine, les invités qui s’éloignent pour ne plus laisser qu’une bande de serviteurs et elle… La si merveilleuse femme qu’il exècre… Plus un regard pour elle, une ombre trop présente… Elle ose venir, s’approcher de son époux, tenter une fois encore de l’amadouer, en douceur mais tout est froid… Sans émotions… « J’aimerais que tu restes ce soir… » La demande étrange, ridicule sauf pour eux. Les chambres qui se sont séparés il y a déjà quelques années… Son regard qu’elle capte enfin, pour le meilleur mais surtout le pire…  « Je ne ferais que passer. N’ai-je pas assez vanté tes louanges pour une année ? Raconter à quel point ta petite personne était merveilleuse ? Ma langue est trop usée de tant de mensonges… Je ne sais pas ce qu’ils te trouvent, la marieuse m’a laissé la bonne à rien de la bande… » Les mots sont durs, la distance se crée, une fois encore, elle tient tête, reste fière malgré le rejet, malgré cette constance… Toujours la même rengaine, toujours la même raison, son ventre vide, désespérément vide… « Je t’attendrais. » Lâché pour ne pas montrer les faiblesses, l’épouse qui quitte la pièce et le poing de l’époux qui s’enfonce dans la longue table… Il hait être ici, avec elle, il hait cette vie et combien elle le transforme… Cette odieuse personne qu’il ne contrôle pas avec elle. Avec la pauvre femme sur laquelle il relâche toute sa violence, tout ce qu’il a d’odieux… Celle qui  n’a rien demandé mais qu’il juge coupable de son malheur…